Histoire
L’occupation humaine est attestée sur le territoire de la vaste commune de Curvalle depuis des millénaires. On en veut pour preuve l’existence de deux mégalithes sur le serre Truel ainsi que la découverte d’une statue-menhir au lieu-dit Flamenc, aujourd’hui conservée à Miolles. L’occupation antique est, pour sa part, surtout présente à proximité de l’actuelle D999, axe qui reliait les agglomérations romaines de Cahors et Béziers.
Si Curvalle est aujourd’hui très étendue, la baronnie du même nom l’a été bien plus encore. En effet, le compoix du XVIe siècle lui attribue le Nord de Saint-André, la commune de Miolles, et la majeure partie de celle de Massals. En revanche, la paroisse de Négremont était rattachée à Ambialet. A cette époque, Villeneuve et Miolles sont les villages les plus importants. On y vit d’une agriculture vivrière, mais aussi de la vigne, de la châtaigne, et de l’artisanat, avec presque une vingtaine de moulins installés sur les différents cours d’eau.
Curvalle est constitué de quatre villages (Le Truel, La Maritinié, Villeneuve et Montredon), et de cinq clochers.
En 1639, le seigneur de Curvalle et Plaisance, le baron de Sénégas, entre en conflit avec sa population, auprès de laquelle il réclame des taxes indues. C’est une micro guerre civile qui s’engage alors, à l’issue de laquelle il est arrêté et de multiples fois condamné, avec des peines qui s’allègent au fil des années. C’est dans ce contexte agité qu’en 1661, le siège de la communauté est déplacé de Curvalle à Villeneuve-sur-Tarn.
L’ancien château de Curvalle est situé sur les bords du Rance, en face du village de Plaisance, en Aveyron. Il est perché sur une arrête rocheuse de plus de 300 mètres de long, dans un méandre de la rivière. Celle-ci constitue un rempart naturel, complété par des pentes abruptes ou verticalisées par des murailles. Des murs transversaux divisent la plateforme en espaces qui ne sont pas simples à interpréter sans recherche approfondie.
Le château de Curvalle fait partie au XIe siècle du large domaine de la famille Trencavel, vicomtes d’Albi et d’Ambialet. Comme beaucoup d’autres châteaux, il leur est confisqué à l’issue de la Croisade contre les Albigeois.
Au XIVe siècle, alors que le traité de Brétigny laisse un répit à la Guerre de Cent Ans, Curvalle est occupé par des routiers. Leur capitaine, Pierre de Galard, avait pris la forteresse par l’escalade pendant l’absence de son seigneur, Raymond de Curvalle. La place est occupée pendant plus d’une année, durant laquelle les occupants creusent une galerie au départ de la grande salle du château et débouchant dans les bois. Deux semaines après que Raymond de Curvalle ait payé la rançon pour que lui soit rendu son château, les routiers le reprennent par la galerie, réclamant une nouvelle rançon au seigneur, pour sa liberté cette-fois. C’est le seigneur d’Ambialet qui lui apporte son aide financière.
Raymond de Curvalle fait alors appel aux troupes de Gaucher de Passac, alors dépêché par le roi de Franche pour libérer de nombreux châteaux du Rouergue. Avec ce puissant soutien, il fait construire et installer des machines de siège au pied du château. Des échelles sont disposées le long de la forteresse, protégées par des arbalétriers, permettant aux assaillants de s’y infiltrer. Le seigneur de Curvalle, vainqueur, fait une entrée triomphante dans la ville (c’est ainsi que Curvalle était alors caractérisé) et les survivants sont pendus.
En 1655 le baron de Curvalle, Sénégas, est arrêté et condamné à mort. Dix ans plus tard, il est toujours vivant! Il est cette fois condamné, avec ses fils, à être conduit par les rues de Curvalle et Plaisance, à demander pardon à Dieu devant la porte de l’église Saint-Martin (Plaisance), conduit sur la place Saint-Blaise pour y être décapité, et sa tête mise en girouette sur la plus haute tour du château de Curvalle. Le jour-même, son affaire est renvoyée au Tribunal des Grands Jours et transférée.
Finalement, en 1666, il est simplement condamné au bannissement à perpétuité, au payement d’une lourde amende au roi, ainsi qu’à voir ses biens, les châteaux de Curvalle et Plaisance, détruits.
«D’or à la lettre capitale «C» de sinople». Le blason de la commune de Curvalle nous vient de Charles d’Hozier (1640-1732), conseiller du roi Louis XIV et juge général des armes et blasons de France. Il publia en 1696 le "Grand Armorial de France" comprenant 120 000 blasons peints, dont celui de Curvalle.